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Pour savoir où on met les pieds...
La période celtisante.
La période latinisante.
Les envahisseurs germanophones.
... qui n’a pas grand chose à voir avec le gaulois.
La période trilingue.
L’irrésistible progression d’un dialecte roman d’Ile de France.
Quand le francien devient l’ancien français.
La Gaule romane (VIème - VIIIème siècles)
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Hlodowig, alias Clovis, roi des francs de 488 à 511, parlait une langue germanique, le francique.

Après la chute de l’Empire romain, les différents royaumes barbares rivaux entretenant peu de contacts culturels et commerciaux, les évolutions régionales se poursuivirent de plus belle, si bien qu’au VIIe siècle, le peuple ne parlait déjà plus latin, mais une lingua romana rustica, ou roman, une langue aux innombrables variations régionales. Notamment, la langue parlée dans le royaume franc, au nord de la Gaule, ce différencia encore plus de celle parlée au sud (royaume des wisigoths), jusqu’à l’invasion du royaume wisigoth par les francs. Le latin subsistait seulement, dans une version de plus en plus simplifiée, comme langue de l’écrit et des lettrés.

De leur côté, la plupart des aristocrates continuaient à pratiquer leur langue germanique. Ainsi, Clovis (roi des francs de 481 à 511) parlait le francique, une langue germanique sans lien avec le latin ou le français. Ce nom de Clovis est d’ailleurs une transcription, forgée au XIXème siècle, de son nom francique, Hlodowig [1] ; de fait, la plupart des personnages francs de cette période ont vu leur nom latinisé au XIXème siècle. Charlemagne (nom moderne formé à partir de son nom latin, Carolus magnus) parlait aussi le francique. Parmi les langues germaniques parlées en France (wisigoth, burgonde, alaman et francique), c’est le francique qui laissa le plus de traces dans la langue française (quelques centaines de mots du français sont empruntés au francique). Dans l’est de la France, en Moselle, le francique est d’ailleurs toujours parlé (même s’il a évolué en plusieurs dialectes au fil des siècles). Toutefois, le nombre insignifiant de francs par rapport à la population totale ( 5%) les empêcha d’imposer leur langue aux autochtones. De plus, à la différence d’autres envahisseurs, les francs pratiquaient l’exogamie (mariages mixtes), et les femmes gauloises avaient tendance à enseigner au moins un peu de leur propre langue à leurs enfants... Cela explique cette situation assez exceptionnelle du vaincu imposant sa langue au vainqueur.

Ce qu’il faut bien retenir de cette époque, c’est la situation de multi­linguisme qui prévalait : entre les dialectes romans du peuple, les dia­lectes germains des dirigeants et le latin des clercs, beaucoup de gens é­taient obligés de pratiquer plusieurs langues.

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La Vie de saint Alexis (toutes les lettres se prononcent).

La première mention d’un roi s’exprimant en roman/français remonte à 842, lors de l’épisode des Serments de Strasbourg. Cette année là, Charles le Chauve, roi de Francie occidentale (qui deviendra la France) et Louis le Germanique, roi de Francie orientale (ou Germanie), tous deux petits fils de Charlemagne, scellèrent une alliance contre leur frère aîné, Lothaire, roi de Francie Médiane (ou Lotharingie, dont le nom se trans­for­mera plus tard en Lorraine). Pour bien marquer leur solidarité, chacun prononça son serment dans la langue maternelle des soldats de l’au­tre. Ainsi, Charles le Chauve, prononça son serment en fran­ci­que, et Louis le Germanique en roman. Cet épisode illustre bien la situation de bilinguisme, voire de trilinguisme avec le latin, qui avait cours à l’époque. Toutefois, Charles le Chauve, le premier roi de France, s’exprimait usuellement en francique, pas en roman, même s’il maîtrisait un minimum la langue maternelle de ses hommes.

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Division du royaume de Charlemagne.

Références

Aperçu de l’ancien français.

Le site de référence pour tout ce qui concerne les politiques linguistiques à travers le monde ; les sections consacrées à l’histoire des langues françaises et anglaises sont très complètes.

 
Notes:

[1] Que l’on peut aussi transcrire Ludwig ou Ludovic (hlod=renomée ; wig=combat).


Page publiée le 26 mars 2006 par achille .
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